Principaux faits
- La malnutrition sous toutes ses formes comprend la dénutrition (émaciation, retard de croissance, insuffisance pondérale), les carences en vitamines ou en minéraux, le surpoids, l’obésité et les maladies non transmissibles liées à l’alimentation.
- En 2022, le nombre d’adultes en surpoids était de 2,5 milliards, dont 890 millions de personnes obèses alors que 390 millions d’adultes souffraient d’insuffisance pondérale.
- On estime qu’en 2022, à l’échelle mondiale, 149 millions d’enfants de moins de 5 ans souffraient d’un retard de croissance (ils étaient trop petits pour leur âge), 45 millions étaient émaciés (trop maigres pour leur taille), et 37 millions étaient en surpoids ou obèses.
- La dénutrition joue un rôle dans près de la moitié des décès d’enfants âgés de moins de 5 ans. Ces décès surviennent principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
- Les conséquences économiques, sociales, médicales et sur le développement de la charge mondiale de la malnutrition sont graves et persistantes, aussi bien pour les individus et leurs familles que pour les communautés et les pays.
Vue d’ensemble
Par « malnutrition », on entend les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne. Ce terme couvre trois grands groupes d’affections :
- la dénutrition, qui comprend l’émaciation (faible rapport poids/taille), le retard de croissance (faible rapport taille/âge) et l’insuffisance pondérale (faible rapport poids/âge) ;
- la malnutrition liée à l’apport en micronutriments, qui comprend la carence en micronutriments (manque de vitamines et de minéraux essentiels) ou l’excès de micronutriments ; et
- le surpoids, l’obésité et les maladies non transmissibles liées à l’alimentation (par exemple, les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et certains cancers).
Les différentes formes de malnutrition
La dénutrition
Il existe quatre grands types de dénutrition : l’émaciation, le retard de croissance, l’insuffisance pondérale et les carences en vitamines et en minéraux. La dénutrition rend les enfants en particulier beaucoup plus vulnérables face à la maladie et au risque de décès.
On qualifie d’« émaciation » un faible rapport poids/taille. Il est souvent le signe d’une perte de poids récente et grave due au fait qu’une personne n’a pas pu s’alimenter suffisamment et/ou qu’elle a été atteinte d’une maladie infectieuse, par exemple la diarrhée, qui lui a fait perdre du poids. Un jeune enfant souffrant d’émaciation modérée ou sévère présente un risque accru de décès, mais cette affection peut être traitée.
Le retard de croissance est un faible rapport taille/âge. Il résulte d’une sous-nutrition chronique ou récurrente à laquelle sont habituellement associés plusieurs facteurs : des conditions socioéconomiques précaires, un mauvais état de santé et une mauvaise nutrition de la mère, des maladies fréquentes, et/ou, au premier stade de la vie, une alimentation et des soins du nourrisson et du jeune enfant qui ne sont pas adaptés. Le retard de croissance empêche les enfants de réaliser leur potentiel physique et cognitif.
Pour les enfants présentant un faible rapport poids/âge, on parle d’insuffisance pondérale. Un enfant en insuffisance pondérale peut présenter un retard de croissance, souffrir d’émaciation, ou de ces deux types de dénutrition.
Malnutrition liée à l’apport en micronutriments
Les apports inappropriés en vitamines et en minéraux, à savoir en micronutriments, peuvent aussi être regroupés. Les micronutriments permettent au corps de produire des enzymes, des hormones et d’autres substances essentielles à une bonne croissance et un bon développement.
L’iode, la vitamine A et le fer sont les plus importants pour la santé publique à l’échelle mondiale. Les carences dans ce domaine représentent une menace majeure pour la santé et le développement des populations du monde entier, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes dans les pays à revenu faible.
Surpoids et obésité
Une personne est en surpoids et/ou obèse lorsque son poids est trop élevé par rapport à sa taille. Une accumulation anormale ou excessive de graisse peut avoir des conséquences néfastes pour la santé.
L’indice de masse corporelle (IMC) met en rapport le poids d’une personne et sa taille, et il est habituellement utilisé pour déterminer le surpoids et l’obésité. Il est défini comme le poids en kilogrammes divisé par la taille en mètres au carré (kg/m2). Chez les adultes, le surpoids est défini comme un IMC supérieur ou égal à 25 alors qu’on parle d’obésité à partir d’un IMC à 30. Pour les enfants et les adolescents, les seuils de l’IMC correspondant au surpoids ou à l’obésité varient en fonction de l’âge.
Le surpoids et l’obésité découlent d’un déséquilibre entre l’énergie consommée (excès) et l’énergie dépensée (déficit). Dans le monde entier, la tendance est à la consommation d’aliments et de boissons plus caloriques (à forte teneur en sucre et en graisses) et à une activité physique plus réduite.
Maladies non transmissibles liées à l’alimentation
Les maladies non transmissibles liées à l’alimentation comprennent les maladies cardiovasculaires (par exemple les infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux, qui ont souvent un lien avec l’hypertension), certains cancers et le diabète. Une mauvaise alimentation et une mauvaise nutrition font partie des principaux facteurs de risque pour ces maladies à l’échelle mondiale.
Étendue du problème
En 2022, environ 390 millions d’adultes âgés de 18 ans et plus dans le monde souffraient d’insuffisance pondérale, alors que 2,5 milliards étaient en surpoids, dont 890 millions de personnes obèses. Parmi les enfants âgés de 5 à 19 ans, 390 millions étaient en surpoids, dont 160 millions étaient obèses ; ils étaient 190 millions à être maigres (rapport IMC/âge inférieur de plus de deux écarts types à la valeur médiane de référence).
En 2022, on estimait à 149 millions le nombre d’enfants âgés de moins de 5 ans qui présentaient un retard de croissance, alors que 37 millions étaient en surpoids ou obèses.
La dénutrition joue un rôle dans près de la moitié des décès d’enfants âgés de moins de 5 ans. Ces décès surviennent principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Populations à risque
Tous les pays du monde sont touchés par une ou plusieurs formes de malnutrition. La lutte contre la malnutrition sous toutes ses formes est l’un des défis les plus importants pour la santé mondiale.
Les femmes, les nourrissons, les enfants et les adolescents sont particulièrement exposés au risque de malnutrition. L’optimisation de la nutrition au début de la vie — en particulier au cours des 1000 jours qui s’écoulent entre la conception d’un enfant et son deuxième anniversaire — garantit le meilleur départ possible dans la vie et a des effets positifs à long terme.
La pauvreté amplifie le risque de malnutrition et les dangers de la malnutrition. Les personnes qui ont peu de ressources sont plus susceptibles d’être touchées par différentes formes de malnutrition. En outre, la malnutrition augmente les dépenses en soins de santé, réduit la productivité et ralentit la croissance économique, ce qui peut alimenter un cercle vicieux de pauvreté et de mauvaise santé.
Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition
Le 1er avril 2016, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2016 2025 Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition, une occasion exceptionnelle de lutter contre la malnutrition sous toutes ses formes. Dans le cadre de la Décennie, un calendrier concret pour la mise en œuvre des engagements pris lors de la Deuxième Conférence internationale sur la nutrition a été déterminé afin d’atteindre, d’une part d’ici 2025, un certain nombre de cibles relatives à la nutrition et aux maladies non transmissibles liées à l’alimentation au niveau mondial et, d’autre part, les cibles pertinentes du Programme de développement durable à l’horizon 2030 — plus particulièrement les objectifs 2 (Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable) et 3 (Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge).
Pilotée par l’OMS et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition lance un appel pour une action stratégique dans 6 domaines clés :
- créer des systèmes alimentaires durables et résilients favorisant une alimentation saine ;
- garantir une protection sociale et une éducation à la nutrition pour tous ;
- mettre en conformité des systèmes de santé avec les besoins nutritionnels et assurer la couverture universelle des interventions nutritionnelles essentielles ;
- faire en sorte que les politiques commerciales et d’investissement améliorent la nutrition ;
- mettre en place des environnements sûrs et favorables à la nutrition à tous les âges ; et
- renforcer et promouvoir partout la gouvernance et la responsabilisation dans le domaine de la nutrition.
Action de l’OMS
L’objectif de l’OMS est que la malnutrition sous toutes ses formes disparaisse dans le monde entier et que la santé et le bien-être de chacun soient garantis. En vertu de la stratégie pour la nutrition 2016-2025, l’OMS collabore avec les États Membres et les partenaires pour garantir un accès universel à des interventions nutritionnelles efficaces et à une alimentation saine provenant de systèmes alimentaires durables et résilients. L’OMS utilise sa capacité à fédérer pour définir, harmoniser et défendre des priorités et des politiques faisant progresser la nutrition à l’échelle mondiale. L’Organisation part de bases factuelles pour établir des lignes directrices fondées sur des cadres scientifiques et éthiques solides. Elle appuie l’adoption d’orientations et la mise en œuvre d’actions efficaces en matière de nutrition. Enfin, elle suit et évalue la mise en œuvre des politiques et des programmes ainsi que les résultats en matière de nutrition.
Ces travaux sont encadrés par le Plan d’application exhaustif concernant la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant, adopté par les États Membres en 2012 dans le cadre d’une résolution de l’Assemblée mondiale de la Santé. Les mesures visant à mettre fin à la malnutrition sont également essentielles pour atteindre les cibles en matière d’alimentation du Plan d’action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles 2013-2020 (en anglais), de la Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent 2016-2030 (en anglais), ainsi que du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Dr Maurice Bosembo Ilondjo
Spécialiste en médecine familiale;
Maîtrise en médecine d’assurance et d’expertise de l’université de Montréal.